Les pas perdus

En chasseur expérimenté, Georges Guinard s’est posté à l’affût sur un passage très fréquenté par son gibier favori et quiconque l'aurait suivi ce soir-là le verrait l’œil au guet devant le monument aux morts de la gare Saint-Lazare, à l’heure fatidique où les banlieusards rentrent au gîte. Cela fait beaucoup de monde, des gras, des maigres, souvent des laids, surtout des las, parfois accablés comme l’honnête M. Bouchard ou rêveurs comme la jolie Jacqueline du Monoprix, mais personne pour notre chasseur. Dépité, il entre à Cinéuc et rencontre ce qu’il ne cherche plus : une jeune femme toute grâce, élégance, blondeur et disponibilité. Il est désargenté, l’avoue sans honte, propose de la revoir quand il sera mieux nanti. Elle est conquise. Ce qui commence entre eux, est-ce une aventure ou un amour ? L’idylle porte en soi un germe de rupture, car elle tient à son standing de Chatousienne respectable, lui tient à sa liberté, mais qu’importe si les pas qui les portent l’un vers l’autre sont des pas perdus ? Ce sont les risques de la vie et Georges garde intactes ses chances de trouver l’élue tant que passera à Saint-Lazare la foule pressée peinte avec une affectueuse malice en toile de fond à cette aventure de jeunesse.