Diderot ou le bonheur de penser
Jacques Attali«
Quel plaisir de raconter la vie d’un homme immensément intelligent,
puits de science, totalement libre, follement amoureux, incroyablement
créatif. Et si drôle !
Quel plaisir de comprendre
qu’il est plus important que tous les autres auteurs des Lumières, parce
qu’il a pensé avant d’autres aux droits de l’homme, à la révolution, à
l’unité de l’espèce humaine ; parce qu’il a bâti, avec L’Encyclopédie,
le socle de la révolution politique, philosophique et économique de
l’Europe.
Traversant le XVIIIe siècle, de la fi n
du règne de Louis XIV à la veille de la Révolution française, Denis
Diderot aura tout vu de la fi n d’un monde et tout compris de celui qui
s’annonçait. Il aura défi é les grands de son temps, il aura pensé et
écrit librement au risque de l’emprisonnement.
Doué d’une
prédisposition infi nie au bonheur, il aima jusqu’au dernier jour
plusieurs femmes à la fois, sans s’en cacher, sans en attendre ni
argent, ni infl uence. Polémiquant, ferraillant sur tous les sujets,
inspirateur et éditeur de ses contemporains – Rousseau, d’Alembert,
d’Holbach, Condillac… –, il bouleversa les codes du théâtre et du roman
français. Et fut le dernier homme à maîtriser l’ensemble du savoir de
son époque.
À mon sens, dans un siècle, Diderot
sera probablement le seul philosophe des Lumières à voir son étoile
grandir. Le seul qui nous sera encore utile, par ses idées comme par sa
façon de penser. »
J. A.